Le progrès humain est au bord du précipice

Les virus peuvent passer d’un animal à un être humain et faire le tour du monde en un clin d’œil. Ce que rejettent les usines dans l’atmosphère peut contribuer aux incendies de forêt dans un autre hémisphère. Le plastique jeté dans la rue d’une ville peut obstruer un cours d’eau et menacer la vie marine sur un rivage éloigné.

Ces exemples sont des instantanés de la nouvelle période géologique dans laquelle nous vivons — l’Anthropocène, l’ère des êtres humains — où les humains ont fondamentalement modifié les systèmes planétaires nécessaires à la survie de la vie sur Terre.

La dévastation causée par la COVID-19 est le dernier message nous avertissant que l’humanité est au bord du précipice. Malgré son impact colossal sur le développement humain, la pandémie peut aussi être l’occasion de choisir une voie différente, une voie où la force dominatrice que les humains déploient sur la planète pourrait être utilisée en vue d’une régénération et non pour la destruction.

Le dernier rapport sur le développement humain (Télécharger ici http://report.hdr.undp.org/fr ) affirme qu’il nous suffit d’opérer une grande transformation pour nous épanouir à la prochaine frontière du progrès humain. Cela commence par rejeter l’idée qu’il faut choisir entre les hommes et les arbres. Ce n’est pas un choix à faire, car le développement humain aux dépens de la planète ne peut être considéré en aucun cas comme “développement”.

Pour illustrer ce point, le rapport introduit un nouveau paradigme expérimental dans son indice annuel de développement humain (IDH) qui pendant les trente dernières années a mesuré la santé, l’éducation et le niveau de vie des pays.

En ajoutant deux nouveaux paramètres — les émissions de dioxyde de carbone et l’empreinte matérielle — le nouvel indice montre comment le tableau du développement mondial change lorsque l’on met en parallèle le bien-être des personnes et les pressions planétaires.

Les résultats sont frappants : aucun pays n’atteint actuellement un très haut niveau de développement humain sans mettre à rude épreuve les systèmes planétaires.

Il appartient à tous les pays, riches et pauvres, de repenser leur trajectoire. Il faut pour cela ne pas se limiter à trouver des solutions distinctes à des problèmes particuliers, et se concentrer plutôt sur les mécanismes qui transformeront la façon dont nous vivons, travaillons, mangeons, interagissons et, surtout, consommons de l’énergie.

Pour commencer, cela signifie travailler avec et non contre la nature. Les mesures qui protègent, gèrent durablement et restaurent les écosystèmes présentent un énorme potentiel. Les entreprises de gestion côtière, de reboisement et de création d’espaces urbains verts peuvent profiter à la fois au monde naturel et aux communautés locales.

Il est également nécessaire de changer les normes et les valeurs sociales pour mieux équilibrer peuples et planète. Cette année a montré à quelle vitesse les comportements enracinés peuvent changer lorsqu’ils sont motivés par la nécessité, que ce soit pour le port du masque ou pour la distanciation sociale. En une génération à peine, un mouvement similaire s’est produit dans des domaines tels que l’éducation des femmes et la limitation de l’usage des sacs en plastique.

Enfin, les mesures d’incitation sont des outils essentiels pour combler le fossé entre les comportements et les valeurs. Les bonnes politiques et réglementations ont un rôle à jouer et peuvent se révéler profitables avec des impacts durables. Par exemple, en remettant en question les subventions gouvernementales aux combustibles fossiles, qui, selon les estimations, coûteraient directement et indirectement aux sociétés plus de 5 000 milliards de dollars par an, soit 6,5 % du PIB mondial.

Cependant, les principaux obstacles aux transformations nécessaires sont les inégalités — à la fois de pouvoir et d’opportunités — à l’intérieur et entre les pays. La pression exercée sur notre planète reflète et renforce les tensions auxquelles sont confrontées nombre de nos sociétés. Les inégalités entre les personnes sont à la fois une cause et une conséquence des pressions que nous exerçons sur la planète. Et les déséquilibres flagrants de pouvoir sont le principal obstacle à la recherche de solutions.

Alors que nous arrivons à la fin d’une année qui a défié toutes les attentes, nous devons comprendre que la pandémie de COVID-19 est un signal d’alerte sur ce qui nous attend. Il est temps de réfléchir à la manière dont s’écrira l’histoire de cette nouvelle étape critique. Nous sommes la première génération de l’Anthropocène, et les choix faits aujourd’hui décideront de l’avenir de tous ceux à venir.

Le Tchad dans le Rapport mondial sur le développement 2020

Selon le RDH2020, la valeur de l’IDH du Tchad pour 2019 est de 0,398, plaçant le pays dans la catégorie du développement humain faible, à la 187e place sur 189 pays et territoires. Entre 2000 et 2019, son IDH est passée de 0,293 à 0,398, soit une augmentation de 35,8%. Entre 1990 et 2019, l’espérance de vie à la naissance a augmenté de 7,2 ans (pour atteindre 54,2 ans), les années de scolarité moyenne ont augmenté de 1,2 an (pour atteindre 2,5 ans) et les années de scolarité prévues ont augmenté de 4,2 ans (pour atteindre 7,3 ans), tandis que le revenu national brut par habitant a augmenté d’environ 57,3%.

Lorsque sa valeur est ajustée pour tenir compte des inégalités, l’IDH tombe à 0,248, correspondant à une perte de 37,7% en raison des inégalités dans la distribution des dimensions de l’indice. La valeur de l’IDH féminin est de 0,342 contre 0,448 pour les hommes, traduisant des disparités de développement humain accentuées liées au genre.

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PNUD TCHAD
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Written by PNUD TCHAD

Le PNUD travaille en synergie avec les institutions publiques et une diversité de partenaires techniques et financiers pour l’atteinte des ODD au Tchad.

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